Détail du retable de la Crucifixion . Melchior Broederlam. (Dijon) |
Le Samedi Saint, l'Église demeure en prière auprès du tombeau de Notre Seigneur, méditant Sa Sainte Passion et Sa Sainte Mort, ainsi que Sa descente aux enfers.
Voici un beau texte pour méditer en cette journée de veille.
« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre; grand silence et ensuite solitude parce que le roi sommeille.
« La terre a tremblé et elle s’est apaisée » (Ps 75, 9), parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines.
Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler. C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue.
Il veut aussi visiter « ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort » (Lc 1, 79).
Oui, c’est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs.
Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de sa victoire.
Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! »
Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit. »
Il le prend par la main et le relève en disant : « Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera (Ep 5, 14).
C’est moi ton Dieu, qui pour toi, suis devenu ton fils; c’est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans tes chaînes : Sortez.
A ceux qui sont endormis : Relevez-vous.
Je te l’ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas crée pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts.
Lève-toi, œuvre de mes mains; lève-toi, mon semblable, qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.
C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclavage; c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre, et au-dessous de la terre; c’est pour toi, l’homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin.
Vois les crachats sur mon visage; c’est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie.
Vois les soufflets sur mes joues: je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.
Vois la flagellation sur mon dos, que j’ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois.
Je me suis endormi sur la croix,et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Eve. Mon côté a guéri la douleur de ton côté; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers.
Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi. Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste.
Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi. J’ai posté les chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu. Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi.
Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité »
Homélie ancienne pour le grand et saint Samedi (attribuée à Épiphane de Salamine, évêque de Chypre [+ 402]:
« Marie, Mère d’Espérance et de Consolation, je veux passer ces dernières heures d’attente de la Résurrection
de Votre Fils avec vous. Quand les doutes m’assaillent, quand ceux qui m’entourent me méprisent,
soyez ma consolation, ma force et mon soutien. Vous avez été un appui pour les apôtres désemparés
et apeurés : comment ne le seriez-vous pas maintenant pour moi ? Mère d’Espérance et d’Amour,
apprenez-moi à souffrir à vos côtés, afin de jouir plus tard de la joie de la Résurrection de Jésus-Christ. Amen »