Hier nous nous émerveillions devant le OUI de la "Comblée de Grâces".
L'Eglise fêtait également un homme peu connu ici en France qui a toujours dit oui à sa vocation.
Discret, humble, serviteur jusqu'à la dernière heure, le 25 mars 1944, le Père Kovc ne pouvait être introduit au ciel que par la Mère de tous les prêtres.
"Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître!"
(Matt 25,23)
Son histoire, sa vie m'ont touchée et je tenais à vous les partager.
Omeljan Kovč naît le 20 août 1884 à Kosmach près de Kosiv en Ukraine orientale.
Son père est un prêtre gréco-catholique de rite oriental. (Dans ce rite il y a des prêtres mariés; le bienheureux Émilien le sera aussi.)
Il étudie philosophie et théologie à Lviv, puis à Rome au collège ukrainien et à l’Université urbanienne. Ordonné en 1911, il exerce d’abord son ministère sacerdotal en Galicie, puis en Bosnie (Yougoslavie) parmi les immigrés ukrainiens.
En 1919, il devient aumônier de l’armée ukrainienne engagée contre les troupes bolcheviques. De 1921 à 1941, il est curé à Peremychlyony, village de 5000 habitants des environs de Lviv. C’est un prêtre plein de zèle et son apostolat est dynamique. Sa maison connue comme « la maison où les anges volent sur le toit » offre toujours un abri aux enfants pauvres et orphelins, bien qu’il ait déjà lui-même six enfants.
Au cours de la dure occupation allemande, il se prodigue pour combattre l’antisémitisme, car son village est peuplé en majorité de juifs. Il les aide et les baptise en masse sur leur demande pour mettre leur vie à l’abri de la persécution, mais l’occupant interdit cela. Il est arrêté en décembre 1942 et jeté en prison. De nombreuses personnalités, dont le métropolite André Cheptytsky, alors à la tête de l’Église gréco-catholique, font tout leur possible pour obtenir sa libération.
Quant à lui, il ne faiblit pas comme en témoigne cet extrait de son interrogatoire par un officier de la Gestapo: « Est-ce que vous saviez qu’il était interdit de baptiser les Juifs? “Je n’en savais rien” - Et maintenant, vous le savez? “Oui” Est-ce que vous continuerez à les baptiser? “Bien sûr”».
En août 1943, il est transféré dans un camp de concentration à Majdanek. Là il vit une expérience de communion dans la souffrance qui lui fait écrire: « Hormis le ciel, c’est l’unique endroit où je voudrais être. Ici nous sommes tous égaux : les Polonais, les Juifs, les Ukrainiens, les Russes, les Lettoniens et les Estoniens. Je suis le seul prêtre ici. Lorsque je célèbre la liturgie, ils prient tous. Chacun dans sa langue. Mais est-ce que Dieu ne comprend pas toutes les langues? Ici, je vois Dieu, Dieu est le même pour tous, en dépit des différences de religion qui nous séparent. »
Il écrit aussi: « Priez pour ceux qui ont construit ce camp et le système… Que le Seigneur prenne pitié d’eux. » La veille de sa mort il écrit encore aux siens qui faisaient des démarches pour le libérer : « Je vous en prie, ne le faites pas. Hier ils ont tué 50 hommes. Si je n’étais pas là, qui les aiderait à supporter de telles souffrances? Que pourrais-je demander de plus au Seigneur? Ne vous inquiétez pas pour moi. Réjouissez-vous avec moi… ».
Il meurt brûlé dans les fours crématoires le 25 mars 1944. En 1999, il a été reconnu comme un « Ukrainien juste » par le Conseil des Juifs d’Ukraine.
Omeljan Kovč a été élevé à la gloire des autels le 27 juin 2001, à Lviv (Ukraine) par Saint Jean Paul II (>> Homélie en français).
Encore une fois, voici un homme qui donne tout son sens au mot "Martyr": Donner sa vie par amour pour ses frères.
Sources principales : Abbaye Saint-Benoit. Ch