En ce dernier vendredi de Carême, qui précède le dimanche des Rameaux et notre grande et belle Semaine Sainte nous pouvons lire et méditer avec profit ce texte de Maria Valtorta du Tome 9, chapitre 8 de "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé".
Il se situe après la résurrection de Lazare et juste avant l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.
Jésus explicite les écritures à ses disciples au sujet de sa mort à venir...
"..... Mais je vous répète mes paroles d'alors. Ne répétez pas à ma Mère ce que le Fils de l'homme va vous dire. Elle en aurait trop de douleur. Celui qui doit être mis à mort boit le breuvage qui étourdit, qu'on lui donne par pitié, pour qu'il puisse attendre sans frémir à chaque instant, l'heure du supplice. Votre silence sera comme le breuvage de pitié pour elle, Mère du Rédempteur ! Maintenant je veux, pour que rien ne reste obscur pour vous, vous ouvrir le sens des prophéties. Et je vous demande de rester avec Moi, beaucoup, beaucoup. Dans la journée, j'appartiendrai à tout le monde. La nuit, je vous prie d'être avec Moi car je veux être avec vous. J'ai besoin de ne pas me sentir seul..."
Jésus est très triste. Les apôtres le voient et ils sont angoissés, ils se serrent autour de Lui. Même Judas sait se serrer près du Maître comme s'il était le plus affectueux des disciples.
Jésus les caresse et il poursuit :
"Je veux en cette heure qui m'est encore donnée, achever la connaissance du Christ en vous. Au commencement, avec Jean, Simon et Judas, j'ai fait connaître la vérité des prophéties sur ma naissance[4].
Les prophéties m'ont peint comme le meilleur peintre ne pourrait le faire de mon aube[5] à mon crépuscule[6]. Et même, ce sont justement l'aube et le crépuscule, les deux passages les plus mis en lumière par les prophètes. Or le Christ descendu du Ciel, le Juste que les nuées ont laissé pleuvoir sur la Terre[7], le Germe sublime, va être mis à mort, brisé comme un cèdre par la foudre[8]. Parlons alors de sa mort. Ne soupirez pas, ne hochez pas la tête. Ne murmurez pas en votre cœur, ne maudissez pas les hommes. Cela ne sert à rien. Nous montons à Jérusalem. Pâque est proche désormais".
"Ce mois sera pour vous le premier des mois de l'année[9]". Ce mois sera pour le monde le commencement d'un temps nouveau. Il ne cessera plus jamais. Inutilement, de temps à autre, l'homme cherchera à en mettre de nouveaux. Ceux qui voudront mettre un temps nouveau, portant leur nom d'idole, seront foudroyés et frappés. Il n'y a qu'un Dieu au Ciel et un Messie sur la Terre : le Fils de Dieu : Jésus de Nazareth. Lui, puisqu'il donne tout de Lui-même, peut tout vouloir et mettre son sceau royal non pas sur ce qui est chair et boue, mais sur ce qui est temps et esprit.
Car le sacrifice et l'hostie doivent être complets et consommés.
Il ne doit pas en rester une parcelle. Il n'en restera pas. Trop nombreux sont ceux qui vont se repaître de l'agneau. Un nombre qu'on ne peut compter, pour un banquet sans limite de temps, et il n'est pas besoin de feu pour consumer les restes parce qu'il n'y a pas de restes. Les parties qui seront offertes et seront repoussées par la haine seront consumées par le feu même de la victime, par son amour. Je vous aime, ô hommes. Vous, mes douze amis que j'ai choisis Moi-même, vous en qui sont les douze tribus d'Israël et les treize veines de l'humanité. J'ai tout rassemblé en vous et en vous je vois tout rassemblé... Tout."
"Mais dans les veines du corps d'Adam se trouve aussi celle de Caïn. Personne de nous n'a levé la main sur son compagnon. Abel, où est-il alors ?" demande l'Iscariote.
"Tu l'as dit. Dans les veines du corps d'Adam se trouve aussi celle de Caïn. Et l'Abel, c'est Moi, le doux Abel pasteur des troupeaux[12], agréable au Seigneur parce qu'il offrait ses prémices et ce qui était sans imperfection et, parmi toutes les offrandes, lui-même[13]. Je vous aime, Ô hommes. Même si vous ne m'aimez pas, Moi, je vous aime. L'amour accélère et achève le travail des sacrificateurs.
"Que l'agneau soit sans tache, mâle, d'un an[14]".
Le temps n'existe pas pour l'Agneau de Dieu. Lui est. Pareil au dernier jour comme il l'était au premier de cette Terre. Celui qui est comme le Père, ne connaît pas de vieillissement dans sa nature divine. Et sa personne ne connaît qu'un seul vieillissement, qu'une seule lassitude : celle de la déception d'être venu en vain pour un trop grand nombre. Quand vous saurez comment j'ai été mis à mort — et les yeux, qui verront leur Seigneur changé en lépreux couvert de plaies, sont maintenant pleins de larmes à côté de Moi, et ne voient plus cette riante colline car les larmes les aveuglent de leur liquide visière — dites aussi : "Ce n'est pas de cela qu'il est mort, mais d'avoir été un inconnu pour ceux qui Lui étaient le plus chers et repoussé par trop d'humanité[15]". Mais s'il n'est pas question de temps pour le Fils de Dieu, et ainsi il diffère de l'agneau du rite, il lui est semblable parce qu'il est sans tache et que c'est un mâle consacré au Seigneur. Oui. C'est inutilement que les bourreaux, ceux qui me tueront par les armes, ou par leur vouloir, ou par leur trahison, voudront s'excuser en disant : "Il était coupable". Aucune personne sincère ne peut m'accuser de péché. Le pouvez-vous ?
Nous sommes en face de la mort. Je le suis. D'autres encore le sont. Qui ? Tu veux savoir qui, Pierre ? Tous.
La mort avance heure après heure et saisit celui qui s'y attend le moins. Mais même ceux qui ont encore une longue vie à tisser, heure après heure sont en face de la mort, parce que le temps est un éclair comparé à l'éternité et qu'à l'heure de la mort même la plus longue vie se réduit à rien et les actions des nombreuses décennies lointaines, depuis celles du premier âge, reviennent en foule pour dire :
"Voilà : hier, tu faisais telle chose".
Hier ! C'est toujours hier, quand on meurt ! Et c'est toujours de la poussière, l'honneur et l'or que la créature désirait si ardemment ! Et il perd toute saveur le fruit dont on était fou ! La femme ? L'argent ? Le pouvoir ? La science ? Que reste-t-il ? Rien ! Seulement la conscience et le jugement de Dieu devant lequel se présente la conscience pauvre et dénuée des protections et des richesses humaines et chargée seulement de ses actions.
"Qu'ils prennent son sang et en mettent sur les montants et l'architrave[16] et l'Ange ne frappera pas, quand il passera, les maisons sur lesquelles se trouve la marque du sang[17]".
Prenez mon sang. Mettez-le non sur les pierres
mortes, mais sur votre cœur mort. C'est la nouvelle circoncision. Et Moi, je me circoncis pour le monde entier. Je ne sacrifie pas l'inutile partie, mais je brise ma magnifique, saine, pure virilité, je la sacrifie complètement, et de mes membres mutilés, de mes veines ouvertes, je prends mon sang, et je trace sur l'Humanité des anneaux de salut, des anneaux d'éternelles épousailles avec Dieu qui est dans les Cieux, avec le Père qui attend, et je dis : "Voilà, maintenant Tu ne peux plus les repousser parce que Tu repousserais ton sang".
"Et Moïse dit[18] : ... et puis plongez une touffe d'hysope dans le sang et aspergez-en les montants[19]".
Alors le sang ne suffit pas ? Il ne suffit pas. À mon sang, il faut joindre votre repentir. Sans le repentir, amer et salutaire, c'est inutilement que je serai mort pour vous.
C'est la première parole qui dans le Livre parle de l'Agneau Rédempteur. Mais le Livre en est rempli. De même qu'à chaque nouveau lever du soleil plus épaisse se fait la floraison sur ces branches, ainsi, à mesure qu'une année succède à une qui est finie et qu'on approche du temps de la Rédemption, voici que la floraison se multiplie.
Et maintenant avec Zacharie, je vous dis, à vous pour Jérusalem : "Voici que vient le Roi plein de douceur, monté sur une ânesse et un ânon. Il est pauvre[20]". Mais il dispersera les puissants qui oppriment l'homme. Il est doux, et pourtant son bras levé pour bénir vaincra le démon et la mort. "Il annoncera la paix parce qu'il en est le Roi[21]".
Lui, étant crucifié, étendra sa domination d'une mer à l'autre. "Lui qui ne crie pas[22], qui ne brise pas, qui n'éteint pas celui qui n'est pas lumière mais fumée, celui qui n'est pas force mais faiblesse, celui qui mérite tous les reproches, il fera justice selon la vérité[23]". Ton Messie, ô cité de Sion, ton Messie, Ô peuple du Seigneur, ton Messie, ô peuple de la Terre.
"Sans être triste ni turbulent" et vous voyez comme il n'y a pas en Moi la tristesse irritée du vaincu, ni la tristesse rancunière du pervers, mais seulement le sérieux de celui qui voit à quel point peut arriver la possession de Satan dans l'homme, et vous voyez comment, pouvant réduire en cendres et disperser par une seule palpitation de ma volonté, Moi, pendant trois ans, j'ai tendu les mains pour inviter à l'amour, à tous, sans arrêt, et maintenant encore mes mains se tendront et seront blessées ! "Sans être triste ni turbulent, j'arriverai à établir mon Royaume[24]". Ce Royaume du Christ où se trouve le salut du monde.
Le Père, Seigneur éternel, me dit : "Je t'ai appelé, Je t'ai pris par la main, Je t'ai fait alliance entre les peuples et Dieu, Je t'ai fait la lumière des nations[25]". Et j'ai été lumière. Lumière pour ouvrir les yeux aux aveugles, parole pour donner la parole aux sourds, clef pour ouvrir les prisons souterraines de ceux qui étaient dans les ténèbres de l'erreur[26].
Et maintenant, Moi qui suis tout cela, je vais mourir. J'entre dans l'obscurité de la mort. La mort, comprenez-vous ?...
Les premières choses annoncées, voilà qu'elles vont s'accomplir, je le dis Moi aussi avec le prophète. Les autres, je vous les dirai avant que le Démon ne nous sépare.
Voilà Sion là-bas au fond. Allez prendre l'ânesse et l'ânon[27]. Dites à l'homme : "Il les faut pour le Rabbi Jésus". Et dites à ma Mère que je vais la rejoindre. Elle est là, sur le talus avec les Marie. Elle m'attend. C'est mon triomphe humain... Qu'il soit son triomphe. Toujours unis. Oh ! unis !...
Et quel est le cœur de hyène qui, d'un coup de griffes de sa patte, arrache le cœur du cœur maternel : Moi, son Fils ? Un homme ? Non. Tout homme naît d'une femme, et par instinct et réflexion morale il ne peut frapper une mère parce qu'il pense à la sienne. Ce n'est donc pas un homme. Qui alors ? Un démon. Mais un démon peut-il offenser la Victorieuse ? Pour l'offenser, il doit la toucher. Et Satan ne supporte pas la lumière virginale de la Rose de Dieu. Et alors ? Qui dites-vous que c'est ? Vous ne parlez pas ? Moi alors je le dis.
Le démon le plus rusé s'est fondu à l'homme le plus corrompu et, ainsi que le venin enfermé dans les dents de l'aspic, il est enfermé en lui qui peut approcher de la Femme et ainsi, traîtreusement, la mordre. Maudit soit l'hybride monstrueux qui est Satan et qui est homme ! Je le maudis ? Non. Elle n'est pas du Rédempteur cette parole. Et alors je dis à l'âme de cet hybride monstrueux ce que j'ai dit à Jérusalem, monstrueuse cité de Dieu et de Satan : "Oh ! si en cette heure qui t'est encore donnée, tu savais venir au Sauveur !" Il n'y a pas d'amour plus grand que le mien ! Et il n'y a pas de plus grand pouvoir. Même le Père consent quand je dis : "Je veux", et je ne sais dire que des paroles de pitié pour ceux qui sont tombés et qui, de leur abîme, me tendent les bras. Âme du plus grand pécheur, ton Sauveur, au seuil de la mort, se penche sur ton abîme et il t'invite à prendre sa main. Ma mort ne sera pas empêchée... Mais toi... mais toi... tu serais sauvé, toi, que j'aime encore, et l'âme de ton Ami ne frémirait pas d'horreur en pensant que c'est par l'œuvre de l'ami qu'il connaît l'horreur de la mort, et de cette mort..."
Jésus se tait... accablé...
Les apôtres bavardent et se demandent entre eux : "Mais de qui parle-t-il ? Qui est-ce ?"
Et Judas sans aucune honte de mentir : "C'est certainement un des faux pharisiens... Moi, je pense à Joseph ou Nicodème, ou bien à Chouza et Manaën... Tous sont avides de pouvoir et d'argent... Je sais que Hérode... Et je sais que le Sanhédrin. Il s'est trop fié à eux ! Vous voyez que hier aussi ils n'étaient pas présents ? ! Ils n'ont pas la hardiesse de l'affronter..."
Jésus n'entend pas. Il est allé en avant et a rejoint sa Mère qui est avec les Marie[28] et avec Marthe et Suzanne. Il ne manque que Jeanne de Chouza dans le groupe des pieuses femmes.
....."
[4] Les trois apôtres qui ont accompagnés Jésus dans son premier voyage apostolique à Bethléem en Judée.
[5] Cf. Isaïe 7,14 et 11,1 – Michée 5,1-2 – Daniel 9,25.
[6]Cf. Psaume 21 (Hébreu 22) 7-19 – Psaume 68 (Hébreu 69), 22 – Isaïe 50,5-7 - 52,13-15 et 53,1-12 – Daniel 9, 26-27 – Zacharie 11,12 et 12,10.
[7] Cf. Isaïe 45,8 – Osée 6,3.
[8] Cf. Zacharie 3,8 et 6,12.
[9] Exode 12,2.
[10] Exode 12,3.
[11] Exode 12,4.
[12] Cf. Genèse 4,2.
[13] Cf. Genèse 4,4.
[14] Exode 12,5.
[15] Cf. Isaïe 53,3.
[16] Exode 12,7.
[17] Exode 12,13.
[18] Exode 12,21.
[19] Exode 12,22.
[20] Cf. Zacharie 9,9.
[21] Cf. Zacharie 9,10.
[22] Cf. Isaïe 42,2.
[23] Cf. Isaïe 42,3.
[24] Cf. Isaïe 42,4.
[25] Cf. Isaïe 42,6.
[26] Cf. Isaïe 42,7.
[27] Ce sont Thomas et André qui partent les chercher pour les amener chez Cléante, le fromager.
[28] Marie d'Alphée (de Cléophas) – Marie Salomé – Marie de Magdala.
Extrait de l'oeuvre de Maria Valtorta.
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