Je ne sais pas vous, mais moi je suis un peu agacée en ce moment par certaines publicités qui détournent notre belle Histoire Sainte.
Une marque de chocolat, une chaîne TV cryptée bien connue, une marque de jeu électronique s'appuient sur Saint joseph, l'étable, les rois mages pour vendre leurs produits … bref: ça m’agace, ça m’agace…!
A nous raconter des histoires, autant qu’elles soient belles! Et si rien ne vaut d’aller puiser à la source même des Évangiles, j’ai eu l’idée de vous partager cette belle histoire écrite par une mystique italienne: Maria Valtorta qui dans des visions à reçu de pouvoir écrire des milliers de pages sur la vie de Jésus.
Beaucoup de poésie dans ce texte, de pudeur, d’amour.
Croyants, incroyants, simples curieux, je souhaite à tous les lecteurs de cette page, un bon moment, une belle rencontre, une pause dans le tourbillon de la dernière ligne droite avant Noël.
Bonne lecture!
Extrait de “l’Évangile tel qu’il m’a été révélé” tome 1, Ch 46. (Edition du Parvis)
Voyage vers Bethléem.
Je vois une grande route. Il y a une énorme foule. Des ânes qui vont, chargés de meubles et de personnes. Des ânes qui reviennent. Les gens éperonnent leurs montures, et qui va à pied se hâte parce qu’il fait froid.
..." L’air est pur et sec. Le ciel est serein, mais tout a ce semblant précis des jours de plein hiver. La campagne dépouillée semble plus vaste. Les pâturages ont une herbe courte, brûlée par les vents d’hiver. Sur les pâturages, les troupeaux cherchent un peu de nourriture, et cherchent le soleil qui naît lentement. Ils se serrent l’un contre l’autre parce qu’ils ont froids, eux aussi. Ils bêlent, levant le museau et regardant le soleil comme pour lui dire: “Viens vite, qu’il fait froid!” Le terrain présente des ondulations qui se font de plus en plus nettes. C’est un vrai paysage de collines. Il y a des dépressions herbeuses et des pentes de petites vallées et des crêtes. La route passe au milieu et se dirige vers le sud-est.
Marie est sur son âne gris, toute enveloppée dans un épais manteau. Sur le devant de la selle se trouve ce dispositif déjà vu au voyage vers Hébron et, par dessus, le coffre avec les objets les plus nécessaires.
Joseph marche à côté, tenant la bride:”Es-tu fatiguée?” demande-t-il de temps en temps.
Marie le regarde en souriant et dit: “Non.” A la troisième fois,elle ajoute: “C’est toi plutôt qui doit marcher à pied qui serais fatigué.”
“Oh! moi, pour moi ce n’est rien. Je pense que si j’avais trouvé un autre âne, tu aurais pu être plus à ton aise et nous aurions pu aller plus vite. Mais je n’en ai pas trouvé. Tout le monde a besoin de montures, en ce moment. Mais courage! Bientôt nous serons à Bethléem. Au-delà de cette montagne, c’est Ephrata.”
Ils restent silencieux. La Vierge, quand elle ne parle plus, paraît se recueillir en une prière intérieure. Elle sourit doucement à une de ses pensées et tout en ayant les yeux sur la foule, elle ne semble plus voir si c’est: un homme, une femme, un vieillard, un berger, un riche ou un pauvre. Mais ce qu’elle voit, c’est à elle seulement.
“As-tu froid?” demande Joseph, parce que le vent se lève.
“Non, merci.”
Mais Joseph n’a pas confiance. Il lui touche les pieds qui pendent sur le flanc de l’âne, les pieds chaussés de sandales et qu’on voit dépasser à peine de son long vêtement. Il doit les trouver froids car il secoue la tête. Il enlève une couverture qu’il porte en bandoulière et l’étend sur les jambes de Marie et jusque sur son sein de façon que les mains soient bien au chaud sous la couverture et le manteau.
Ils rencontrent un berger qui coupe la route avec son troupeau, qu’il fait passer d’un pâturage sur la droite à un autre sur la gauche. Joseph se penche pour lui dire quelque chose. Le berger lui répond par un signe d’assentiment. Joseph prend l’âne et le fait passer derrière le troupeau dans le pâturage. Le berger tire un bol grossier de sa besace, trait une grosse brebis aux mamelles gonflées et passe le bol à Joseph qui l’offre à Marie.
“Dieu vous bénisse tous les deux” dit Marie. “Toi pour ton amour et toi pour ta bonté. Je prierai pour toi.”
“Vous venez de loin?”
“De Nazareth” répond joseph.
“Et vous allez?”
“A Bethléem.”
“Long voyage pour la femme en cet état. C’est ta femme?”
“Oui, c’est ma femme.”
“Avez-vous où aller?”
“Non.”
“C’est bien ennuyeux: Bethléem est pleine de gens venus de partout pour se faire inscrire ou pour aller ailleurs faire la même démarche. Je ne sais si vous trouverez un logement. Connaissez-vous l’endroit?”
“Pas beaucoup.”
“Eh! bien… je te renseigne… à cause d’elle (et il désigne Marie).
Cherchez l’auberge. Elle sera pleine, mais je vous l’indique pour vous donner un point de repère. Elle est dans une place, la plus grande. Vous partez de la rue principale. Vous ne pouvez pas vous tromper. Il y a une fontaine devant l’auberge, qui est grande et basse avec un portail. Elle sera pleine. Mais si vous ne trouvez rien à l’auberge et dans les maisons, passez par derrière de l’auberge dans la direction de la campagne. Il y a des écuries dans la montagne, qui parfois servent aux marchands allant à Jérusalem pour y mettre leurs animaux quand il n’y a pas de place à l’auberge. Ce sont des écuries, vous comprenez, dans la montagne: elles sont humides, froides et sans portes. Mais c’est toujours un refuge parce que la femme…ne peut rester sur la route. Peut-être là vous trouverez une place avec du foin pour dormir et aussi pour l’âne. Et que Dieu vous accompagne.”
“Et que Dieu te donne joie” répond Marie. Joseph à son tour lui dit:”La paix soit avec toi.”
Ils reprennent la route. Une dépression plus vaste apparaît de l’escarpement qu’ils ont franchi. Dans la dépression, en haut et en bas des pentes qui l’entourent, il y a des maisons et encore des maisons. C’est Bethléem.
“Nous voici sur la terre de David, Marie. Maintenant tu vas te reposer. Tu me sembles tellement fatiguée…”
“Non. Je pensais… Je pense…” Marie prend la main de Joseph et lui dit avec un sourire radieux: “Je crois vraiment que le moment est venu.”
“Dieu de miséricorde! Comment allons-nous faire?”
“Ne crains pas, Joseph. Ne te laisse pas troubler. Vois comme je suis calme, moi?”
“Mais tu souffres beaucoup?”
“Oh! non. Je suis remplie de joie. Une telle joie, si forte, si belle, si irrésistible, que mon cœur bat fort, fort et me dit: “Il nait! Il nait!” Il le dit à chaque battement. C’est mon Petit qui frappe à la porte de mon cœur et qui me dit: “Maman, me voici pour te donner le baiser de Dieu.” Oh! quelle joie, mon Joseph!”
Mais Joseph n’est pas à la joie. Il pense à l’urgence de trouver un abri et il hâte le pas. Porte après porte, il demande un abris. Rien.
Tout est occupé. Ils arrivent à l’auberge. Elle est pleine jusque sous les portiques rustiques, qui entourent la grande cour intérieure, de gens qui bivouaquent.
Joseph laisse Marie sur l’âne à l’intérieur de la cour et il sort pour chercher dans d’autres maisons. Il revient découragé. Il n’y a rien. Le précoce crépuscule d’hiver commence à étendre ses voiles. Joseph supplie l’aubergiste. Il supplie des voyageurs. Eux sont des hommes en bonne santé. Ici c’est une femme sur le point de mettre au monde un enfant. Qu’ils aient pitié. Rien. Voici un riche pharisien qui le regarde avec un mépris visible, et, quand Marie s’approche, il s’écarte comme s’il s’était approché d’une lépreuse. Joseph le regarde et la rougeur de l’indignation lui monte au visage. Marie met la main sur le poignet de Joseph, pour le calmer et dit: “n’insiste pas. Partons. Dieu y pourvoira.”
Ils sortent, ils suivent le mur de l’auberge. Ils tournent par une ruelle encastrée entre elle et de pauvres maisons. Ils contournent l’auberge. Ils cherchent. Voilà des espèces de grottes, de caves, dirai-je, plutôt que des écuries, tant elles sont basses et humides. Les plus belles sont déjà occupées. Joseph est accablé.
“Ohé! Galiléen!” lui crie par derrière un vieil homme. “Là au fond, sous ces ruines, il y a une tanière. Peut-être n’y a-t-il encore personne.”
Ils s’approchèrent de cette “tanière".” C’est vraiment une tanière. Parmi les décombres d’un bâtiment en ruine, il y a un refuge, au-delà duquel se trouve une grotte, un trou dans la montagne plutôt qu’une grotte. On dirait que se sont les fondations d’une ancienne constructions auxquelles servent de toit les matériaux étayés par ces troncs d’arbres à peine équarris.
Pour y voir plus clair, car il y a très peu de jour, Joseph sort de l’amadou et un briquet, et allume une petite lampe qu’il sort de la besace qu’il porte en bandoulière. Il entre. Un mugissement le salue. “Viens. Marie, elle est vide, il n’y a qu’un bœuf.” Joseph sourit: “Ça vaut mieux que rien!…”
Marie met pied à terre et entre.
Joseph a fixé la petite lampe à un clou dans l’un des troncs qui servent de pilier. On voit la voûte couverte de toiles d’araignées, le sol en terre battue et tout disloqué avec des trous, des cailloux, des détritus, des excréments et couvert de tiges de paille. Au fond un bœuf se retourne et regarde avec de grands yeux tranquilles pendant que du foin lui pend des lèvres. Il y a un siège grossier et deux pierres dans un coin, près d’une fente. Le noir de ce recoin indique que c’est là qu’on fait du feu.
Marie s’approche du bœuf. Elle a froid. Elle lui met les mains sur le cou pour en sentir la tiédeur. Le bœuf mugit et se laisse faire. Il semble comprendre. De même quand Joseph le pousse plus loin pour enlever beaucoup de foin au râtelier et faire un lit pour Marie. Le râtelier est double: celui où mange le bœuf et par dessus une sorte d’étagère où se trouve une provision de foin.
C’est celle-là que prend joseph. Le bœuf laisse faire. Il fait aussi une place pour l’âne qui, fatigué et affamé, se met à manger. Joseph découvre aussi un seau renversé tout cabossé. Il sort parce que dehors il y a un ruisseau et revient avec de l’eau pour l’âne. Puis il s’empare d’une botte formée de branches, déposé dans un coin et essaye de balayer le sol. Ensuite il étend du foin, en fait un lit, près du bœuf dans l’angle le plus sec et le plus abrité. Mais il le trouve humide ce pauvre foin, et il soupire. Il allume le feu et, avec une patience de chartreux, il sèche le foin par poignée près du feu.
Marie assise sur un tabouret, fatiguée, regarde et sourit. C’est fini. Marie s’installe de son mieux sur le foin moelleux avec les épaules appuyées sur un tronc. Joseph complète… l’ameublement en étendant son manteau qui fait office de tente sur le trou qui sert d’entrée. Un abris très relatif. Puis il offre du pain et du fromage à la Vierge et lui donne à boire de l’eau d’une gourde. “Dors maintenant” lui dit-il après. “Moi, je veillerai pour que le feu ne s’éteigne pas. Il y a du bois heureusement. Espérons qu’il dure et brûle. Je pourrai épargner l’huile de la lampe.”
Marie s’allonge, obéissante. Joseph la couvre avec le manteau même de Marie et la couverture qu’elle avait d’abord aux pieds.
“Mais toi… tu auras froid.”
“Non, Marie. Je reste près du feu. Tâche de te reposer. Demain ça ira mieux.”
Marie ferme les yeux sans se faire prier. Joseph se rencogne dans son coin sur le tabouret avec des brindilles à côté. Il y en a peu. Je ne pense pas qu’elles durent longtemps.
Voici comme ils sont situés: Marie à droite, avec les épaules tournées vers la porte, à moitié cachée par un tronc d’arbre et par le corps du bœuf qui s’est accroupi dans la litière. Joseph à gauche, tourné vers la porte et par conséquent en diagonale, avec le visage tourné vers le feu et les épaules vers Marie. Il se retourne de temps en temps pour la regarder et la voit tranquille, comme si elle dormait. Il utilise peu à peu les branches et les jette une par une sur le feu pour qu’il ne s’éteigne pas, pour qu’il donne de la lumière et pour que ce feu de bois dure. Il n’y a plus que la lueur, tantôt plus vive, tantôt presque morte du feu, car la lampe est à bout de combustible et dans la pénombre se détache seulement la blancheur du bœuf, du visage et des mains de Joseph. Tout le reste n’est qu’une masse qui se fond dans l’épaisseur de la pénombre.
..."
Une marque de chocolat, une chaîne TV cryptée bien connue, une marque de jeu électronique s'appuient sur Saint joseph, l'étable, les rois mages pour vendre leurs produits … bref: ça m’agace, ça m’agace…!
A nous raconter des histoires, autant qu’elles soient belles! Et si rien ne vaut d’aller puiser à la source même des Évangiles, j’ai eu l’idée de vous partager cette belle histoire écrite par une mystique italienne: Maria Valtorta qui dans des visions à reçu de pouvoir écrire des milliers de pages sur la vie de Jésus.
Beaucoup de poésie dans ce texte, de pudeur, d’amour.
Croyants, incroyants, simples curieux, je souhaite à tous les lecteurs de cette page, un bon moment, une belle rencontre, une pause dans le tourbillon de la dernière ligne droite avant Noël.
Bonne lecture!
Extrait de “l’Évangile tel qu’il m’a été révélé” tome 1, Ch 46. (Edition du Parvis)
Voyage vers Bethléem.
Je vois une grande route. Il y a une énorme foule. Des ânes qui vont, chargés de meubles et de personnes. Des ânes qui reviennent. Les gens éperonnent leurs montures, et qui va à pied se hâte parce qu’il fait froid.
..." L’air est pur et sec. Le ciel est serein, mais tout a ce semblant précis des jours de plein hiver. La campagne dépouillée semble plus vaste. Les pâturages ont une herbe courte, brûlée par les vents d’hiver. Sur les pâturages, les troupeaux cherchent un peu de nourriture, et cherchent le soleil qui naît lentement. Ils se serrent l’un contre l’autre parce qu’ils ont froids, eux aussi. Ils bêlent, levant le museau et regardant le soleil comme pour lui dire: “Viens vite, qu’il fait froid!” Le terrain présente des ondulations qui se font de plus en plus nettes. C’est un vrai paysage de collines. Il y a des dépressions herbeuses et des pentes de petites vallées et des crêtes. La route passe au milieu et se dirige vers le sud-est.
Marie est sur son âne gris, toute enveloppée dans un épais manteau. Sur le devant de la selle se trouve ce dispositif déjà vu au voyage vers Hébron et, par dessus, le coffre avec les objets les plus nécessaires.
Joseph marche à côté, tenant la bride:”Es-tu fatiguée?” demande-t-il de temps en temps.
Marie le regarde en souriant et dit: “Non.” A la troisième fois,elle ajoute: “C’est toi plutôt qui doit marcher à pied qui serais fatigué.”
“Oh! moi, pour moi ce n’est rien. Je pense que si j’avais trouvé un autre âne, tu aurais pu être plus à ton aise et nous aurions pu aller plus vite. Mais je n’en ai pas trouvé. Tout le monde a besoin de montures, en ce moment. Mais courage! Bientôt nous serons à Bethléem. Au-delà de cette montagne, c’est Ephrata.”
Ils restent silencieux. La Vierge, quand elle ne parle plus, paraît se recueillir en une prière intérieure. Elle sourit doucement à une de ses pensées et tout en ayant les yeux sur la foule, elle ne semble plus voir si c’est: un homme, une femme, un vieillard, un berger, un riche ou un pauvre. Mais ce qu’elle voit, c’est à elle seulement.
“As-tu froid?” demande Joseph, parce que le vent se lève.
“Non, merci.”
Mais Joseph n’a pas confiance. Il lui touche les pieds qui pendent sur le flanc de l’âne, les pieds chaussés de sandales et qu’on voit dépasser à peine de son long vêtement. Il doit les trouver froids car il secoue la tête. Il enlève une couverture qu’il porte en bandoulière et l’étend sur les jambes de Marie et jusque sur son sein de façon que les mains soient bien au chaud sous la couverture et le manteau.
Sanctuaire du Gloria in excelsis Deo.Bethléem. |
“Dieu vous bénisse tous les deux” dit Marie. “Toi pour ton amour et toi pour ta bonté. Je prierai pour toi.”
“Vous venez de loin?”
“De Nazareth” répond joseph.
“Et vous allez?”
“A Bethléem.”
“Long voyage pour la femme en cet état. C’est ta femme?”
“Oui, c’est ma femme.”
“Avez-vous où aller?”
“Non.”
“C’est bien ennuyeux: Bethléem est pleine de gens venus de partout pour se faire inscrire ou pour aller ailleurs faire la même démarche. Je ne sais si vous trouverez un logement. Connaissez-vous l’endroit?”
“Pas beaucoup.”
“Eh! bien… je te renseigne… à cause d’elle (et il désigne Marie).
Cherchez l’auberge. Elle sera pleine, mais je vous l’indique pour vous donner un point de repère. Elle est dans une place, la plus grande. Vous partez de la rue principale. Vous ne pouvez pas vous tromper. Il y a une fontaine devant l’auberge, qui est grande et basse avec un portail. Elle sera pleine. Mais si vous ne trouvez rien à l’auberge et dans les maisons, passez par derrière de l’auberge dans la direction de la campagne. Il y a des écuries dans la montagne, qui parfois servent aux marchands allant à Jérusalem pour y mettre leurs animaux quand il n’y a pas de place à l’auberge. Ce sont des écuries, vous comprenez, dans la montagne: elles sont humides, froides et sans portes. Mais c’est toujours un refuge parce que la femme…ne peut rester sur la route. Peut-être là vous trouverez une place avec du foin pour dormir et aussi pour l’âne. Et que Dieu vous accompagne.”
“Et que Dieu te donne joie” répond Marie. Joseph à son tour lui dit:”La paix soit avec toi.”
Ils reprennent la route. Une dépression plus vaste apparaît de l’escarpement qu’ils ont franchi. Dans la dépression, en haut et en bas des pentes qui l’entourent, il y a des maisons et encore des maisons. C’est Bethléem.
“Nous voici sur la terre de David, Marie. Maintenant tu vas te reposer. Tu me sembles tellement fatiguée…”
“Non. Je pensais… Je pense…” Marie prend la main de Joseph et lui dit avec un sourire radieux: “Je crois vraiment que le moment est venu.”
“Dieu de miséricorde! Comment allons-nous faire?”
“Ne crains pas, Joseph. Ne te laisse pas troubler. Vois comme je suis calme, moi?”
“Mais tu souffres beaucoup?”
“Oh! non. Je suis remplie de joie. Une telle joie, si forte, si belle, si irrésistible, que mon cœur bat fort, fort et me dit: “Il nait! Il nait!” Il le dit à chaque battement. C’est mon Petit qui frappe à la porte de mon cœur et qui me dit: “Maman, me voici pour te donner le baiser de Dieu.” Oh! quelle joie, mon Joseph!”
Mais Joseph n’est pas à la joie. Il pense à l’urgence de trouver un abri et il hâte le pas. Porte après porte, il demande un abris. Rien.
Le dénombrement de Bethléem par Brueghel ((1525-1569) |
Tout est occupé. Ils arrivent à l’auberge. Elle est pleine jusque sous les portiques rustiques, qui entourent la grande cour intérieure, de gens qui bivouaquent.
Joseph laisse Marie sur l’âne à l’intérieur de la cour et il sort pour chercher dans d’autres maisons. Il revient découragé. Il n’y a rien. Le précoce crépuscule d’hiver commence à étendre ses voiles. Joseph supplie l’aubergiste. Il supplie des voyageurs. Eux sont des hommes en bonne santé. Ici c’est une femme sur le point de mettre au monde un enfant. Qu’ils aient pitié. Rien. Voici un riche pharisien qui le regarde avec un mépris visible, et, quand Marie s’approche, il s’écarte comme s’il s’était approché d’une lépreuse. Joseph le regarde et la rougeur de l’indignation lui monte au visage. Marie met la main sur le poignet de Joseph, pour le calmer et dit: “n’insiste pas. Partons. Dieu y pourvoira.”
Ils sortent, ils suivent le mur de l’auberge. Ils tournent par une ruelle encastrée entre elle et de pauvres maisons. Ils contournent l’auberge. Ils cherchent. Voilà des espèces de grottes, de caves, dirai-je, plutôt que des écuries, tant elles sont basses et humides. Les plus belles sont déjà occupées. Joseph est accablé.
“Ohé! Galiléen!” lui crie par derrière un vieil homme. “Là au fond, sous ces ruines, il y a une tanière. Peut-être n’y a-t-il encore personne.”
Ils s’approchèrent de cette “tanière".” C’est vraiment une tanière. Parmi les décombres d’un bâtiment en ruine, il y a un refuge, au-delà duquel se trouve une grotte, un trou dans la montagne plutôt qu’une grotte. On dirait que se sont les fondations d’une ancienne constructions auxquelles servent de toit les matériaux étayés par ces troncs d’arbres à peine équarris.
Pour y voir plus clair, car il y a très peu de jour, Joseph sort de l’amadou et un briquet, et allume une petite lampe qu’il sort de la besace qu’il porte en bandoulière. Il entre. Un mugissement le salue. “Viens. Marie, elle est vide, il n’y a qu’un bœuf.” Joseph sourit: “Ça vaut mieux que rien!…”
Marie met pied à terre et entre.
Joseph a fixé la petite lampe à un clou dans l’un des troncs qui servent de pilier. On voit la voûte couverte de toiles d’araignées, le sol en terre battue et tout disloqué avec des trous, des cailloux, des détritus, des excréments et couvert de tiges de paille. Au fond un bœuf se retourne et regarde avec de grands yeux tranquilles pendant que du foin lui pend des lèvres. Il y a un siège grossier et deux pierres dans un coin, près d’une fente. Le noir de ce recoin indique que c’est là qu’on fait du feu.
Détail Nativité de R.Campin (1378-1444) |
Marie s’approche du bœuf. Elle a froid. Elle lui met les mains sur le cou pour en sentir la tiédeur. Le bœuf mugit et se laisse faire. Il semble comprendre. De même quand Joseph le pousse plus loin pour enlever beaucoup de foin au râtelier et faire un lit pour Marie. Le râtelier est double: celui où mange le bœuf et par dessus une sorte d’étagère où se trouve une provision de foin.
C’est celle-là que prend joseph. Le bœuf laisse faire. Il fait aussi une place pour l’âne qui, fatigué et affamé, se met à manger. Joseph découvre aussi un seau renversé tout cabossé. Il sort parce que dehors il y a un ruisseau et revient avec de l’eau pour l’âne. Puis il s’empare d’une botte formée de branches, déposé dans un coin et essaye de balayer le sol. Ensuite il étend du foin, en fait un lit, près du bœuf dans l’angle le plus sec et le plus abrité. Mais il le trouve humide ce pauvre foin, et il soupire. Il allume le feu et, avec une patience de chartreux, il sèche le foin par poignée près du feu.
Marie assise sur un tabouret, fatiguée, regarde et sourit. C’est fini. Marie s’installe de son mieux sur le foin moelleux avec les épaules appuyées sur un tronc. Joseph complète… l’ameublement en étendant son manteau qui fait office de tente sur le trou qui sert d’entrée. Un abris très relatif. Puis il offre du pain et du fromage à la Vierge et lui donne à boire de l’eau d’une gourde. “Dors maintenant” lui dit-il après. “Moi, je veillerai pour que le feu ne s’éteigne pas. Il y a du bois heureusement. Espérons qu’il dure et brûle. Je pourrai épargner l’huile de la lampe.”
Marie s’allonge, obéissante. Joseph la couvre avec le manteau même de Marie et la couverture qu’elle avait d’abord aux pieds.
“Mais toi… tu auras froid.”
“Non, Marie. Je reste près du feu. Tâche de te reposer. Demain ça ira mieux.”
Marie ferme les yeux sans se faire prier. Joseph se rencogne dans son coin sur le tabouret avec des brindilles à côté. Il y en a peu. Je ne pense pas qu’elles durent longtemps.
Voici comme ils sont situés: Marie à droite, avec les épaules tournées vers la porte, à moitié cachée par un tronc d’arbre et par le corps du bœuf qui s’est accroupi dans la litière. Joseph à gauche, tourné vers la porte et par conséquent en diagonale, avec le visage tourné vers le feu et les épaules vers Marie. Il se retourne de temps en temps pour la regarder et la voit tranquille, comme si elle dormait. Il utilise peu à peu les branches et les jette une par une sur le feu pour qu’il ne s’éteigne pas, pour qu’il donne de la lumière et pour que ce feu de bois dure. Il n’y a plus que la lueur, tantôt plus vive, tantôt presque morte du feu, car la lampe est à bout de combustible et dans la pénombre se détache seulement la blancheur du bœuf, du visage et des mains de Joseph. Tout le reste n’est qu’une masse qui se fond dans l’épaisseur de la pénombre.
..."
...A suivre.... La naissance de Jésus.
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