La prière du berger (1864) Jozef Israëls Museum of Art, Toledo, Ohio,USA |
ÉVANGILE – selon Saint Luc 11, 1-13
1 Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.
Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
2 Il leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
Père,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne.
3 Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour
4 Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
5 Jésus leur dit encore :
« Imaginez que l’un de vous ait un ami
et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :
‘Mon ami, prête-moi trois pains,
6 car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,
et je n’ai rien à lui offrir.’
7 Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :
‘Ne viens pas m’importuner !
La porte est déjà fermée ;
mes enfants et moi, nous sommes couchés.
Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.
8 Eh bien ! je vous le dis :
même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,
il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
9 Moi, je vous dis :
Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
10 En effet, quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira.
11 Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,
lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
12 ou lui donnera un scorpion
quand il demande un œuf ?
13 Si donc vous, qui êtes mauvais,
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! »
... " L’invocation « Notre Père » nous situe d’emblée dans une relation filiale envers lui (notre Dieu). C’était une expression déjà traditionnelle dans l’Ancien Testament ; par exemple chez Isaïe : « C’est toi, Seigneur, qui es notre Père, notre Rédempteur depuis toujours. » (Is 63, 16).
Les deux premières demandes portent sur le Nom et le Règne.
« Que ton Nom soit sanctifié » : dans la Bible, le Nom représente la Personne ; dire que Dieu est Saint, c’est dire qu’Il est « L’Au-delà de tout » ; nous ne pouvons donc rien ajouter au mystère de sa Personne ; cette demande « Que ton Nom soit sanctifié » signifie « Fais-toi reconnaître comme Dieu ».
« Que ton Règne vienne » : répétée quotidiennement, cette demande fera peu à peu de nous des ouvriers du Royaume ; car la volonté de Dieu, on le sait bien, son « dessein bienveillant » comme dit Paul c’est que l’humanité, rassemblée dans son amour, soit reine de la création :
« Remplissez la terre et dominez-la » (Gn 1, 27).
Et les croyants attendent avec impatience le jour où Dieu sera enfin véritablement reconnu comme roi sur toute la terre : « Le SEIGNEUR se montrera le roi de toute la terre » annonçait le prophète Zacharie (Za 14, 9).
Notre prière, notre petite méthode d’apprentissage de la langue de Dieu va donc faire de nous des gens qui désirent avant tout que le nom de Dieu, que Dieu lui-même soit reconnu, adoré, aimé, que tout le monde le reconnaisse comme Père ; nous allons devenir des passionnés d’évangélisation, des passionnés du Règne de Dieu.
Les trois autres demandes concernent notre vie quotidienne : « Donne-nous », « Pardonne-nous », « Ne nous soumets pas » ; nous savons bien qu’il ne cesse d’accomplir tout cela, mais nous nous mettons en position d’accueillir ces dons.
« Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour »: la manne tombée chaque matin dans le désert éduquait le peuple à la confiance au jour le jour ; cette demande nous invite à ne pas nous inquiéter du lendemain et à recevoir chaque jour notre nourriture comme un don de Dieu. Le pluriel « notre pain » nous enseigne également à partager le souci du Père de nourrir tous ses enfants.
« Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous » : le pardon de Dieu n’est pas conditionné par notre comportement, le pardon fraternel n’achète pas le pardon de Dieu ; mais il est pour nous le seul chemin pour entrer dans le pardon de Dieu déjà acquis d’avance : celui dont le coeur est fermé ne peut accueillir les dons de Dieu.
« Ne nous laisse pas entrer en tentation » : nous nous trouvons devant un problème de traduction, car, une fois encore, la grammaire de l’hébreu diffère de la nôtre : la forme verbale employée dans la prière juive signifie « fais que nous n’entrions pas dans la tentation ». Il s’agit de toute tentation, certainement, mais surtout de la plus grave, celle qui nous poursuit aux heures difficiles : la tentation de douter de l’amour de Dieu.
Que de demandes ! Toute notre vie, toute la vie du monde est concernée : apparemment, parler la langue de Dieu, c’est savoir demander. Nous nous posons parfois la question : est-ce bien élégant de passer notre vie à quémander ? La réponse est là : la prière de demande est plus que permise, elle est recommandée ; si l’on y réfléchit, il y a là un bon apprentissage de l’humilité et de la confiance.
Notre petit apprentissage continue ; il faut dire que ce ne sont pas n’importe quelles demandes : pain, pardon, résistance aux tentations ; nous apprendrons à désirer que chacun ait du pain : le pain matériel et aussi tous les autres pains dont l’humanité a besoin ; et puis bientôt, notre seul rêve sera de pardonner et d’être pardonnés ; et enfin, dans les tentations, (il y en aura inévitablement), nous apprendrons à garder le cap : nous lui demandons de rester le maître de la barque. A noter aussi que nous allons sortir de notre petit individualisme : toutes ces demandes sont exprimées au pluriel, chacun de nous les formule au nom de l’humanité tout entière.
Au fond, il y a un lien étroit entre les premières demandes du Notre Père et les suivantes ; nous demandons à Dieu les munitions nécessaires à notre mission de baptisés dans le monde : « Donne-nous tout ce qu’il nous faut de pain et d’amour, et protège-nous pour que nous ayons la force d’annoncer ton Royaume. » ..."
Retrouver la totalité de cette méditation de M-N Thabut ICI
Tu écoutes, Seigneur, quand je crie vers toi. Regarde ma prière, entends ma voix. (D’après le Ps 137)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire